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Quel a été votre parcours avant de vous lancer dans l’aventure Trustoo ?

Maxence Ghintran : après avoir décroché une licence à Paris Dauphine, j’ai intégré le programme Grande École de l’EM Lyon. Entre ces deux cycles de formation, 6 mois se sont écoulés. Une période que j’ai mise à profit pour m’acheter une voiture d’occasion. Mais comme je n’y connaissais rien, je craignais de faire une mauvaise affaire et de perdre mon budget de 5 000 €. J’ai alors demandé de l’aide à l’un de mes amis, un ingénieur automobile, qui a accepté de m’accompagner pour aller évaluer 2 Renault Megane que des particuliers mettaient en vente sur Leboncoin. Il m’a dissuadé d’acheter la première, qui à mes yeux semblait parfaite, en m’expliquant que certaines pièces importantes arrivant en fin de vie, je m’exposais à dépenser 2 à 3 000 € de réparation dans les 6 mois. La seconde, en revanche, à part des pneus à changer, était, selon lui, parfaite. Il a même entrepris de la négocier pour moi, faisant baisser son prix de 300 €.

C’est à ce moment-là que vous avez pensé à créer Trustoo ?

M. G. : si, pour la petite histoire, j’ai finalement renoncé à acheter une voiture, à ce moment, je me suis dit que le service que m’avait rendu mon ami était précieux. Et j’ai découvert, à ma grande surprise, que personne ne le proposait. Sachant qu’autour de 15 000 véhicules d’occasion changent de main chaque jour en France, il y avait là un marché sur lequel se positionner. J’ai alors, de manière très empirique, mener ma propre étude de marché en me rendant dans des garages pour demander aux mécaniciens et aux carrossiers, si leurs proches sollicitaient leur intervention lorsqu’ils souhaitaient acheter une voiture. À plus de 95 %, ils m’ont répondu oui, confirmant ainsi l’existence de ce besoin d’être accompagné par un spécialiste. J’ai terminé mon étude marketing en avril 2018 et, dans la foulée, en juillet, j’ai créé la société Trustoo.

Concrètement, comment avez-vous démarré ?

M. G. : j’avais déjà une idée de la plate-forme que je souhaitais créer pour offrir les services de Trustoo. Je me suis alors rapproché d’une agence informatique que je connaissais bien pour qu’il la développe. À ce moment-là, je disposais d’une petite somme d’argent que mon grand-père, lui-même entrepreneur, avait mis à disposition de ses petits-enfants pour les aider à acheter un bien immobilier ou à lancer une entreprise. Cette mise de fonds m’a mis le pied à l’étrier. Un peu moins d’un an a été nécessaire pour achever le développement de la plate-forme technique et recruter les intervenants. En septembre 2019, l’activité a démarré. Nous avons conclu 2019 sur un chiffre d’affaires de 10 000 € et l’année 2020, sur 150 000 € de ventes. Trustoo était lancé. Pour accompagner sa croissance, je me suis mis en quête d’un business angel. Après de nombreux refus, j’en ai rencontré un, par le biais du réseau de mon ancienne école, l’EM Lyon qui, au bout de 5 minutes de présentation de Trustoo, a décidé de me suivre. Il est devenu le deuxième actionnaire majoritaire après moi. Grâce à lui, nous avons levé près de 900 000 €.

Quels services proposez-vous ?

M. G. : pour les particuliers, c’est très simple : nous proposons d’inspecter le véhicule qu’ils envisagent d’acheter. Une inspection réalisée par un professionnel de l’automobile qui peut s’opérer n’importe où en France, et même en Belgique et en Allemagne. Sachant que, pour le moment, nous nous adressons uniquement à des clients anglophones ou francophones. Concrètement, il suffit de se connecter sur notre site, de demander une inspection en complétant un formulaire dans lequel vous êtes invité à décrire le véhicule convoité et a inséré le lien qui pointe sur l’annonce du vendeur. Une fois le paiement de l’inspection effectué – son prix dépend du gabarit du véhicule -, vous être contacté par l’intervenant qui va réaliser l’inspection pour vous.
Dans les 48h, il va se rendre sur place, contrôler le véhicule en respectant notre cahier des charges et vous adresser, dans la foulée, un rapport technique, un conseil sur l’achat et un prix négocié pour vous. Ce contrôle peut s’opérer auprès d’un vendeur particulier ou d’un professionnel.

Et que proposez-vous aux entreprises ?

M. G. : nous faisons également de l’inspection en sous-traitance pour des entreprises de location. Nous intervenons en tant que tiers neutre pour évaluer l’état d’un véhicule lorsqu’il est restitué au loueur en fin de contrat. Nous travaillons également pour des vendeurs d’automobiles. Typiquement, dans cette configuration, nous allons nous déplacer pour expertiser plusieurs véhicules qu’un professionnel souhaite acheter à un autre professionnel situé à l’autre bout de la France. Enfin, les assureurs font aussi appel à nous pour chiffrer les dommages sur des véhicules qui ont subi des accidents sans grande gravité. Cela leur permet d’estimer, en moins de 48 heures, un coût de réparation et de réserver aux cabinets d’expertise automobile, dont les délais d’intervention sont plus longs, les véhicules sévèrement endommagés.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

M. G. : financièrement, nous avons atteint la rentabilité en septembre 2023 et terminé l’année en ayant réalisé 20 000 inspections. Et compte tenu des nombreuses demandes de partenariats qui nous sont adressées, nous tablons sur une rapide progression de notre activité. Du coup, notre enjeu consiste essentiellement à améliorer nos solutions techniques afin de faciliter encore l’intervention des indépendants qui contrôlent les véhicules. Nous souhaitons également accélérer notre internationalisation et, pourquoi pas, dupliquer notre activité de tiers de confiance sur d’autres secteurs que l’automobile.